Marthe Le Clech, donatrice du Musée de Morlaix

Derrière les lourdes portes closes du musée de Morlaix s’écrit sa future histoire. Celle d’un ancien couvent des Jacobins, devenu musée en 1887 et chantier en 2020. Les Morlaisiens, très attachés au lieu, guettent 2028 avec impatience. À travers Marthe Le Clech, fidèle parmi les fidèles, et qui s’en est allée en juillet dernier à 84 ans, entrons dans les coulisses du musée.

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Les amours jeunes

Marie Boschet réside avec ses tantes au 32 Grand-Rue à Morlaix lorsque débutent ses échanges épistolaires avec Louis Penven. Nous sommes en 1910. Lui est fourrier sur Le Diderot, un navire basé à Toulon. Il est surtout très épris de Marie. La Morlaisienne refuse ses avances pour plusieurs raisons.
Elle invoque son âge, le fait qu’il mériterait mieux qu’elle, que sa mère ne soutiendrait pas ce mariage… Finalement, l’union est scellée et deux filles naissent de cet amour. Cette petite histoire en raconte une plus grande, celle d’us et coutumes d’un autre temps, d’une Bretagne du début du siècle dernier. C’est sans
doute ce qui animait Marthe Le Clech, cartophile et collectionneuse d’objets et d’oeuvres en tout genre. Cette figure morlaisienne aura passé sa vie à rassembler des témoignages du passé. Professeure de lettres et d’histoire-géographie, elle aimait les objets qui racontaient une époque, les cartes qui parlaient d’un quotidien, de sa région, la Bretagne.

Passionnée par Morlaix et le populaire, ses week-ends, elle les passait à écrémer les fermes pour chiner objets, bouts de mémoire et tranches de vie comme ses échanges de cartes postales entre Marie et Louis. Ces correspondances, elle les a léguées à Morlaix pour le plus grand plaisir d’Yzolde Crochet, qui,
lors de son stage au musée, carte après carte, a découvert et ordonné cette histoire d’amour naissante et grandissante.

2 135 dons pour la postérité

Les années passant, Marthe Le Clech souhaitait avant tout valoriser son importante collection. Des heures et des heures de recherche, des milliers de kilomètres parcourus pour se faire l’anthropologue d’un territoire. Elle souhaitait pouvoir mettre en lumière ces traces du passé. Étant à l’origine de l’association Les Amis du musée, le musée de Morlaix tenait une place de choix dans son coeur. Ce dernier s’est donc vu enrichir d’un pan inestimable de l’histoire bretonne avec 2 135 legs fait en 2017 par Marthe, et en 2023 par son neveu, Eric Promayrat :

  • 35 objets d’art et de traditions populaires comme des bouteilles de limonade, figures de la petite industrie morlaisienne,
  • 26 estampes et gravures dont 10 de Félicie Herr, artiste autodidacte née à Morlaix, et certaines d’Auguste Mayer et Eugène Cicéri,
  • 3 dessins et peintures,
  • 202 imprimés dont des documents en breton,
  • 279 photographies dont certaines de la Seconde Guerre mondiale,
  • 1 590 cartes postales.

Des oeuvres « musée de France »

Au musée de Morlaix, trois collections se côtoient : celle d’étude, celle du « musée de France » et celle dite « de documentation ». La collection d’étude est un moment riche pour le conservateur et ses collaborateurs. Véritable travail d’enquêteur, ce temps permet de retracer l’histoire de l’oeuvre, de ses propriétaires. Ces recherches participent ensuite au choix de l’intégration de l’oeuvre, à son positionnement dans le musée et à l’histoire qui sera valorisée. Après étude, certaines des oeuvres de Marthe Le Clech seront estampillées collection « musée de France ».
La commission scientifique de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) doit valider ces choix pour s’assurer de leur cohérence avec l’esprit du musée et son projet culturel. Une fois intégrées, elles le sont de façon inaliénable et imprescriptible. Le musée se doit d’en assurer la conservation et la
valorisation.

La réinvention du musée

Le musée de Morlaix ne fait qu’enrichir son histoire. Les fouilles archéologiques menées en 2023 ont mis en évidence la valeur du site. Les caveaux maçonnés y sont nombreux attestant de la richesse de Morlaix à l’époque moderne. 2028 marquera la réouverture du musée. Mélanie Thomas, attachée de conservation du patrimoine, et ses huit autres collaborateurs, prennent un plaisir incroyable à participer à la réinvention du musée en intégrant tous les enjeux actuels inhérents à tout projet d’envergure, enjeux climatiques, énergétiques, d’accessibilité. À n’en pas douter, vous ne serez pas déçus…